PROLOGUE

L’homme qui n’en était plus un se tenait devant l’extraterrestre – qui n’était pas davantage ce qu’il semblait être.

— Tout est en place.

L’extraterrestre renifla comme pour détecter olfactivement un mensonge.

— Vous êtes sûr ?

— Oui, général, répondit l’« homme » avec assurance.

Il était quand même mal à l’aise. Les extraterrestres du peuple auquel il pensait avoir affaire excellaient dans l’interprétation du langage corporel.

— La population se croit, à tort, en sécurité. Ou du moins, elle pense que la sécurité sera un jour possible, continua l’« homme ». Sauf imprévu, tout devrait se passer selon le plan.

— J’en suis heureux, dit l’extraterrestre, ses griffes cliquetant sur le sol.

L’« homme. » soupira de soulagement. Pour lui, remplir sa part du marché était littéralement une question de vie ou de mort.

— Cela signifie-t-il que… ?

— A votre retour, et quand je serai certain que votre part de notre accord est entièrement remplie, dit l’extraterrestre, vous recevrez ce que vous désirez. Pas avant !

La queue de l’extraterrestre frappa le sol.

Conversation terminée.

Des mots n’auraient pas été plus clairs.

L’« homme » haussa les épaules. Il acceptait les termes du pacte. Il n’avait aucune raison de penser que les choses ne se passeraient pas comme prévu. Il aurait ce qu’il voulait, car il s’était occupé de tout.

— Alors, général, avec votre permission, je me retire.

— Vous pouvez partir, répondit l’extraterrestre d’une voix trop forte pour une oreille humaine.

Pourtant, il s’exprimait dans une langue si subtile qu’aucun humain n’aurait pu faire passer autant de choses dans si peu de mots.

Son intermédiaire parlait cette langue couramment. C’était le moins qu’il pouvait faire…

— Je vous retrouverai ici dans quelques jours, ajouta l’« homme ».

— Soyez assuré que je vous attendrai, répondit l’extraterrestre. Et souvenez-vous : nous avons ce que vous voulez.

L’« homme » s’inclina, conscient qu’il ne risquait pas de l’oublier !

En quittant le vaisseau par le tube ombilical – la chute libre ne lui posait aucun problème –, il pensa au moment où il reviendrait réclamer ce qui lui appartenait de droit, et au triomphe de sa nouvelle existence. Peu lui importait combien de vies ça coûterait. Il aurait dansé sur une montagne de cadavres pour se chauffer aux feux de l’immortalité.

Avec un sourire, il calcula le cap, prêt à embrasser sa nouvelle destinée.